Le « One Big Beautiful Bill Act » : Un programme politique condensé dans un seul texte législatif
En mai 2025, la Chambre des représentants américaine a voté de justesse un projet de loi massif soutenu par l’ancien président Donald Trump. Baptisé « One Big Beautiful Bill Act » (OBBBA), ce texte ambitieux regroupe une multitude de propositions issues de son programme, couvrant des sujets aussi variés que la fiscalité, la santé, l’immigration, l’éducation, la sécurité nationale ou encore la régulation technologique.
Ce projet vise à laisser une empreinte durable sur les politiques fédérales, tout en préparant le terrain à une possible future administration Trump. Il s’agit aussi d’un message politique fort à l’approche des élections de 2026.
Fiscalité : de nouvelles baisses d’impôts et des incitations à l’épargne
Le projet de loi entend pérenniser plusieurs réductions d’impôts issues de la réforme de 2017, tout en introduisant de nouveaux mécanismes :
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Prolongation des baisses d’impôt pour les particuliers et les entreprises, prévues autrement pour expirer fin 2025.
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Augmentation du crédit d’impôt par enfant jusqu’à 2 500 dollars, avec ajustements annuels.
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Exonération des pourboires et des heures supplémentaires du revenu imposable.
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Création de comptes d’épargne de 1 000 dollars pour chaque naissance, appelés « MAGA accounts ».
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Relèvement du plafond de déduction des taxes locales et étatiques (SALT) à 40 000 dollars pour les foyers gagnant moins de 500 000 dollars.
Selon les estimations budgétaires, ces mesures pourraient entraîner un creusement du déficit fédéral de plusieurs milliers de milliards de dollars sur la prochaine décennie.
Protection sociale : restrictions accrues pour Medicaid et l’aide alimentaire
Le texte impose de nouvelles conditions aux bénéficiaires de certains programmes sociaux :
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L’accès à Medicaid serait conditionné à une activité professionnelle, avec des contrôles plus fréquents.
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Les traitements liés à l’affirmation de genre seraient bannis de la couverture Medicaid.
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Les structures proposant des services liés à l’avortement ne pourraient plus recevoir de financements publics via ce programme.
Du côté de l’aide alimentaire (SNAP), le projet impose aux parents seuls de travailler un minimum d’heures mensuelles, une exigence qui ne s’appliquerait pas aux couples mariés. Ces mesures pourraient entraîner une réduction significative du nombre de bénéficiaires.
Éducation : recentrage sur la formation professionnelle
Le système d’aides aux étudiants serait profondément remanié :
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Les bourses Pell seraient dorénavant réservées aux formations techniques ou professionnelles.
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Les prêts étudiants subventionnés pour les études universitaires classiques seraient supprimés.
Ces changements traduisent une volonté de recentrer l’investissement public sur des filières jugées plus directement utiles à l’économie.
Défense et immigration : financements massifs et durcissement des contrôles
Le projet accorde des budgets colossaux à la sécurité nationale :
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150 milliards de dollars supplémentaires pour renforcer les capacités militaires, notamment les drones.
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70 milliards pour la sécurité aux frontières, incluant la construction de nouveaux segments de mur et le recrutement d’agents supplémentaires.
L’immigration figure parmi les priorités les plus visibles de cette réforme.
Intelligence artificielle et pouvoir judiciaire : restrictions réglementaires
Deux éléments novateurs du projet concernent :
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Une interdiction temporaire (10 ans) faite aux États d’adopter leurs propres lois sur l’intelligence artificielle, pour éviter une régulation fragmentée.
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Une nouvelle exigence de dépôt de caution pour les plaignants souhaitant obtenir des injonctions judiciaires contre des responsables fédéraux, ce qui limiterait l’accès au contentieux.
Réactions : critiques économiques et sociales
Le projet a suscité de vives réactions dans la presse et le monde économique. Plusieurs personnalités, dont Elon Musk, ont critiqué le texte pour son absence de discipline budgétaire. Les agences de notation, elles, ont exprimé leur inquiétude face au risque d’endettement accru.
Bien que ce projet ait été adopté par la Chambre, son avenir reste incertain : il devra encore franchir l’étape du Sénat, où des amendements sont très probables.