Chaque année, des millions de touristes venus du monde entier découvrent la Floride, sa qualité de vie et son incroyable dynamisme économique. Parmi eux, de nombreux Français. Combien décident de sauter le pas et de venir s’y installer définitivement ?
Y vivre
Nicole Hirsch, qui vit aux États-Unis depuis 1963, coule des jours heureux à Palm Beach, lieu de villégiature privilégié de la côte Est de l’État. Elle est la doyenne des Français installés en Floride et estime qu’en 1990, « 1 200 personnes étaient enregistrées au consulat de France ». Il est certain que ce nombre a crû de manière considérable, notamment au cours des dix dernières années, mais il reste difficile à définir de manière précise puisque beaucoup n’ont pas fait la démarche de s’inscrire au consulat. « S’enregistrer est sans doute la première chose à faire », assure pourtant notre concitoyenne.
Ces derniers temps, avec la crise économique, de plus en plus de Français sont venus en Floride. Il convient toutefois d’avoir mûrement réfléchi à son projet, et pris des précautions préalables au déménagement. Après l’enregistrement au consulat, « disposer d’une bonne assurance médicale pour toute la famille » est un impératif, explique Nicole Hirsch. Jean-Paul Barre, spécialiste de l’assurance à Miami, conseille vivement de se protéger. Le coût de la santé, comme celui de l’éducation, peut surprendre des Français habitués à un État-providence.
Y travailler
Les Français sont présents dans tous les secteurs de l’économie floridienne. Ils sont assureurs, agents immobiliers, experts-comptables, avocats, etc. Si certains arrivent en Floride avec leur famille à la faveur d’une mutation ou d’une proposition d’emploi, nombreux sont ceux qui vendent l’ensemble de leurs biens, réunissent toutes leurs économies pour s’expatrier et changer de vie, venant tenter leur chance dans cet État américain.
Découvrir Miami lors d’un séjour d’agrément et tomber sous le charme du « Sunshine State » est une chose ; y résider, et plus encore y monter sa société, demande réflexion et organisation. Certains « touristes économiques », comme les qualifie Élisabeth Gazay, agent immobilier à Miami, peuvent parfois manquer de discernement ou faire preuve de trop d’empressement. « Obtenir le visa d’entrepreneur E2 n’est pas chose difficile », confirme Cyril Darmouni, associé d’un cabinet d’expert-comptable installé depuis près de sept ans à Miami. À première vue, faire des affaires semble facile, mais « c’est lorsque l’on commence son activité que la complexité se met en place », précise-t-il. Il est donc primordial, avant de débuter, « de venir passer six mois à un an en Floride. Pour cela, il suffit de se munir d’un visa B1 de prospection commerciale, qui est gratuit ».
Il faut bien étudier son projet, afin de connaître ses capacités d’investissement et la rentabilité de son entreprise. « Lorsque l’on fait des affaires aux États-Unis, il est important de se souvenir que ce n’est pas le droit qui fait loi mais le contrat », rappelle Jean-Michel Caffin, président de la section USA Floride-Caraïbes des Conseillers du commerce extérieur de France (CCEF). « Des difficultés peuvent apparaître lorsque l’on aborde des questions contractuelles. » Pour cette raison, il est nécessaire de bien s’entourer, et de trouver un avocat compétent.
Éviter l’échec
Cyril Darmouni estime que « près de la moitié des entrepreneurs français en Floride échouent ». Il n’est pas le seul à faire ce constat ; la plupart des entrepreneurs français rencontrés en Floride à l’occasion de ce dossier nous ont confirmé cette réalité.
Pourquoi ces échecs ? Il convient d’abord de préciser que cette situation ne concerne pas seulement les Français, mais tous ceux, d’où qu’ils viennent, qui voient en la Floride un eldorado et s’y installent sans en connaître les codes. Certains entrepreneurs ayant eu une belle réussite professionnelle en France échouent aux États-Unis car ils omettent de prendre en compte les spécificités du monde des affaires américain. C’est l’une des principales erreurs commises.
La restauration fait partie des secteurs les plus prisés par les entrepreneurs Français, qui « jouent un rôle d’ambassadeurs de la gastronomie française », considère Nicole Hirsch. Mais paradoxalement, peu d’entre eux réussissent en proposant à leurs clients une cuisine française, qui « ne représente pas 1 % de celle consommée en Floride », selon Sylvain Bignon, restaurateur arrivé aux États-Unis en 1984 et installé depuis 1990 dans le quartier très prisé de Coconut Grove, où il possède les restaurants Lulu et Greenstreet Cafe. Depuis son ouverture, ce dernier a accueilli 12 millions de clients. Le lieu est devenu une véritable institution et compte parmi ses habitués le maire de Miami-Dade. Si Sylvain Bignon a réussi, et s’est fait un nom, ce n’est pas en faisant de la cuisine française mais en s’adaptant aux goûts des Américains.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, beaucoup de Français se lancent dans la restauration sans avoir la moindre expérience
Article de Clément Airault